Thomas Jean est photographe animalier. Son terrain de jeu, ce n’est ni la jungle amazonienne ni la savane africaine ni même nos forêts européennes. Il évolue à notre porte, en milieu urbain. La ville a ses secrets que l’artiste dévoile pour mieux nous faire comprendre et aimer cette faune si proche et si lointaine à la fois. Si nous pouvons tirer une première leçon de son travail : les espaces n’appartiennent pas qu’aux humains. Les espèces animales qui nous côtoient sans parfois que l’on s’en aperçoive ont aussi leur vie à mener. Alors, respectons-les !
1 – Sanglier, renard, chevreuil… Ces animaux grignotent chaque année un peu plus la ville. Est-ce dû aux espaces naturels qui se rétrécissent ou à l’abondance de nourriture qu’ils trouvent dans nos cités ?
C’est un peu des deux. D’un côté, l’urbanisation réduit et fragmente les habitats naturels, obligeant certaines espèces à s’adapter ou à disparaître. De l’autre, nos villes leur offrent de nouvelles opportunités : nourriture facile d’accès, absence de prédateurs et micro-habitats favorables. Les renards, par exemple, profitent des déchets alimentaires et des jardins, tandis que les sangliers trouvent refuge dans des parcs boisés en périphérie. Ces animaux ne conquièrent pas la ville, ils s’y réfugient et apprennent à en tirer parti.
2 – À Saint-Malo, quelles espèces pouvons-nous rencontrer ?
Saint-Malo, avec son environnement côtier et ses zones naturelles, héberge une biodiversité fascinante. Outre les goélands, véritables maîtres des lieux, on peut y observer des faucons crécerelles, des limicoles et même des hérissons discrets dans les jardins. Il n’est pas impossible non plus que la nuit, certains mammifères comme les renards ou encore les fouines s’aventurent dans les quartiers résidentiels.
3 – Cette cohabitation avec la faune sauvage doit-elle être source d’inquiétude ou au contraire est-elle une richesse ?
C’est une richesse, à condition de l’accepter et de l’accompagner intelligemment. Ces espèces témoignent d’un écosystème qui s’adapte et d’un équilibre encore possible entre urbanisation et biodiversité. Mais cette cohabitation doit être anticipée : il faut repenser l’aménagement des villes pour éviter les conflits, comme les collisions avec la faune, et préserver les corridors écologiques. Plutôt que de voir ces animaux comme des intrus, nous devrions nous demander comment mieux partager l’espace avec eux.
4 – Que viendrez-vous dire en avril prochain lors de « Libérons la nature ! » ?
Je viendrai parler de la nature qui ne demande pas à être libérée mais à être reconnue. Trop souvent, on oppose ville et biodiversité alors qu’elles sont déjà intimement liées. À travers mon travail avec La Minute Sauvage , je veux montrer que la nature n’est pas ailleurs : elle est sous nos yeux, dans les interstices de nos trottoirs, dans les parcs, au sommet des immeubles. Il est urgent de changer notre regard et de comprendre que protéger la nature, ce n’est pas seulement préserver des espaces lointains, c’est aussi défendre celle qui existe déjà là où nous vivons.

Thomas Jean interviendra participera à la seconde édition de Libérons la nature !
Le vendredi 18 avril à 18 h à la Médiathèque – La Grande Passerelle.
Conférence : Quand les animaux sauvages se réapproprient la ville
Thomas Jean, photographe et vidéaste animalier, a lancé il y a plus de 7 ans La Minute Sauvage, une série de mini documentaires sur YouTube sur la faune sauvage en Belgique et plus particulièrement sur celle qui vit en pleine ville. Lors de sa conférence interactive, il abordera les questions liées à la perception de l’animal sauvage, de la ville comme écosystème et de la cohabitation entre l’humain et l’animal.
Infos Guichet culture : 02 99 40 78 00