René Couanau, grande figure de la scène politique, s’en est allé le 30 novembre 2024, à l’âge de 88 ans. Ancien maire de la cité corsaire et député d’Ille-et-Vilaine, le Malouin fut aussi, de 2001 à 2007, le premier président de l’Agglomération. Celui qui lui succède aujourd’hui, Gilles Lurton, fidèle parmi les fidèles, le raconte et revient sur la vision que souhaitait impulser l’ancien élu à cette nouvelle collectivité locale.
Quel rôle a joué René Couanau dans la création de Saint-Malo Agglomération ?
Il en a été à l’origine. À cette époque, il n’y avait pas d’obligation à le faire mais une forte incitation de l’État à ce que les communes puissent se regrouper entre elles. René Couanau a su convaincre la plupart des maires de cette nécessité, afin de mieux faire ensemble ce que l’on faisait moins bien tout seul.
Était-il à contre-courant ?
Je dirais plutôt qu’il a su faire en sorte que les maires acceptent de travailler entre eux. Ayant moi-même été conseiller communautaire, j’avais le sentiment que lorsqu’il était président, tout était fluide. Alors certes, en coulisses, lors de bureaux et autres, il y avait certainement des tensions, comme dans toute collectivité, mais il avait un tel charisme qu’il savait fédérer autour de lui. Il avait cette force, cette volonté d’avancer. René Couanau avait cette capacité d’impulser, d’aller au bout des projets quand il pensait que c’était positif pour la population.
Il y avait aussi tout un projet politique à façonner. Comment cela a-t-il pris forme ?
Un certain nombre de compétences ont été données à l’Agglomération : la collecte des déchets ménagers, les transports urbains ou encore le développement économique. Sur ce dernier point, je me souviens de tout le travail qui a été réalisé pour acquérir les terrains de la zone Atalante et ainsi donner vie à la première zone d’activités économique de l’Agglomération. Il a fallu, aussi, créer toute une administration, disposer de locaux. René Couanau a beaucoup fait sur tous ces sujets. Il nous a permis d’arriver là où nous sommes aujourd’hui.
Quelle était sa vision de l’Agglomération ?
Il voulait disposer d’un vrai organe de développement pour le territoire. Et il voyait grand. Il n’avait pas peur de dire que les frontières de Saint-Malo Agglomération pouvaient aller bien au-delà de ce qu’elles sont. Preuve en est, c’est lui qui a fondé le Pays de Saint-Malo. Là-dessus, René Couanau était un visionnaire pour tout le territoire.
Vous avez été son assistant parlementaire et son adjoint à la mairie de Saint-Malo. Qu’avez-vous tiré de cette relation de proximité, dans votre parcours politique aussi bien que dans votre vie personnelle ?
Je le dis sans détour, il m’a tout appris. Dans sa façon de travailler, de s’occuper aussi bien de la personne la plus humble, la plus en difficulté, que de gérer de gros dossiers, comme a pu l’être la création de l’Agglomération. Il était capable de ça. C’était sa force. Et puis sa personnalité m’a tout autant marqué. Quelqu’un d’humain au fort caractère, qui savait assurément convaincre.
Source : Saint-Malo Agglomération